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Qui a tué Bambi ?

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Dans le quartiers des Villas, quelque part dans la banlieue chic d’une ville de Finlande, un « viol collectif particulièrement brutal » est commis. Des années plus tard, les pas de Gusten Gripe l’amènent dans des rues où les souvenirs abondent. Il a vingt-six ans à présent et, après deux mois dans une école de théâtre, est devenu agent immobilier « scandaleusement performant ». Il vit une relation avec Saga-Lill mais est toujours amoureux de Emmy Stranden. Qui a tué Bambi ? pourrait être un roman prenant mais... que de bavardages ! Gusten sort avec Saga-Lill et Emmy n’est pas contente mais Saga-Lill n’a pas de comptes à lui rendre et d’ailleurs Gusten est grand et fait ce qu’il veut et... L’écriture est relativement complexe et explique que ce roman sorte dans la collection « Du monde entier » de Gallimard. Mais l’intrigue seule, à certains moments, le classerait plutôt dans une collection « young ado ». Jalousies et colères... « ...Just kids, vraiment fantastique. » Un triste jour, un viol est donc commis dans l’une des maison de ce quartier aisé. Les coupables ? Des gosses de riches. Et le livre conte leurs soucis. L’un d’entre eux, surnommé Cosmo, a l’intention d’en faire un film. Bon ! Lecture laborieuse. L’intrigue n’avance pas. Les digressions n’apportent rien, au contraire elles lassent très vite. Monika Fagerholm (née en 1961) a reçu le prix du Conseil nordique 2020 pour ce roman. Avouons, quant à nous, nous être rarement autant ennuyé à la lecture d’un livre, sans avoir un instant l’impression d’être passé à côté d’un réel chef-d’œuvre.

* Monika Fagerholm, Qui a tué Bambi ? (Vem dödade Bambi ?, 2019), trad. du suédois (Finlande) Anna Gibson, Gallimard (Du monde entier), 2022

Le Mauvais génie

Matti Nykänen (1963-1919) a été un grand sauteur à skis, quadruple champion olympique : à Sarajevo en 1984 et à Calgary en 1988. Adulé en Finlande pour ses exploits, il a aussi été connu pour ses frasques : divorces, violences diverses, alcool... « ...Matti détonne parmi les sportifs finlandais, volontiers taiseux ou laconiques, tandis que lui, bien que timide, est sociable et loquace ». Des pays éditent des timbres à son effigie (Laos, Paraguay, Guinée...) Mais la gloire le déstabilise, elle le détruit. Sa reconversion comme chanteur pop rock disco ne convainc pas vraiment. Il gagne de l’argent, en perd encore plus, fait du strip-tease, devient la risée du pays, se retrouve en prison... « C’est un gars qui ne sait pas être tout seul. Il enchaîne alors sa vie de rock star et de poivrot médiatique doublement divorcé. » Les médias ne le lâchent plus, ses déclarations, souvent sous l’emprise de l’alcool, sont reprises, moquées. Drôle de personnage, assurément, bien pathétique, dont le critique cinématographique suisse Alain Freudiger (né en 1977 et habitué des séjours au « pays des mille lacs ») trace le portrait, nous rappelant au passage que la Finlande n’est pas le pays dénué de toute violence que l’on imagine souvent. « À la fois criminel et angélique, Matti Nykänen est peut-être perçu comme le mauvais génie de la Finlande. » Le revers de la médaille.

 

* Alain Freudiger, Le Mauvais génie (une Vie de Matti Nykänen), La Baconnière, 2020