Jeunesse

Sanni & Jonas, une nuit d’hiver

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Le rythme de l’album de Kalle Hakkola (né en 1962 et par ailleurs acteur) et Mari Ahokoivu (née en 1984, déjà publiée chez Cambourakis avec Mais où vas-tu donc Lola ?, 2014), Sanni & Jonas, une nuit d’hiver, est d’abord très rapide. Descentes en luge, batailles de boules de neige… Sœur et frère à peu près du même âge, Sanni et Jonas vivent dans une grande maison en bois avec leur mère et leur grand-père maternel. Dehors, ils construisent des bonhommes ou des animaux de neige. Quand vient l’heure de dormir, leurs rêves voient ces créatures s’animer. Les illustrations sont tantôt pleine page, tantôt par cases ; en jouant sur le mauve et le noir quand les enfants sont au lit, ou sur de foisonnantes couleurs quand un papillon vient saluer Sanni dans son sommeil. Sanni & Jonas est un album aux lectures multiples, tour à tour réaliste (la mauvaise santé du Papi) ou onirique (tout ce que Sanni, yeux ouverts ou yeux fermés, imagine au cours de la nuit). À recommander.

 

* Kalle Hakkola & Mari Ahokoivu, Sanni & Jonas, une nuit d’hiver (Sanni ja Joonas, Talviyö, 2016), trad. Kirsi Kinnunen, La Pastèque, 2017

 

Dernières fois

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« Certains aiment collectionner les stylos, les coquillages, les timbres... Ou alors les amis, les voyages, les records personnels. Moi, je collectionne toutes les dernières fois », explique la très jeune narratrice de ce superbe album de la Finnoise Maÿa Hurme (qui a publié plus d’une dizaine d’albums jeunesse et par ailleurs journaliste radio). Si les premières fois s’inscrivent souvent dans les mémoires, les dernières fois, beaucoup moins. Peut-être parce qu’elles sont oubliées aussitôt, place non pas à la page qui se tourne mais à celle qui s’ouvre. Pourtant, comme le montre l’auteure-illustratrice de cet album réalisé au pastel, les Dernières fois peuvent être importantes car elles viennent conclure un moment particulier de notre vie : « Les derniers frissons avant d’entrer en scène lors du spectacle de fin d’année, les dernières minutes d’inquiétude alors que les parents tardent à venir à l’école... » Les dernières fois ne sont pas forcément tristes, bien qu’empreintes en général de nostalgie. Elles font la jonction entre l’avant et l’après, elles soulignent l’instant, s’il y en a un à retenir, où l’enfant grandit. Les mettre ainsi en exergue modifie le regard du lecteur sur sa propre vie quotidienne. Ce n’est pas un drame quand quelque chose se termine, découvre-t-il. « Même les derniers s’en sortent bien. » Ce peut être dans la nature même de l’existence : « les derniers moments du bonhomme de neige », les « derniers instants de la journée », par exemple. Et puis, il y a « les choses qui nous échappent », « les choses qui disparaissent ». Les observer sous l’angle de la « dernière fois », n’est-ce pas prolonger leur durée ? Les éditions Rue du monde aiment à aborder de grands sujets par la tangente, les désacralisant, les rendant abordables, notamment aux jeunes lecteurs auxquels elles s’adressent en priorité. Ainsi, avec Dernières fois, album au regard parfois enfantin et d’autres fois, sur la même page, extrêmement sérieux. Pour apprendre l’irrévocabilité du temps qui passe, parvenir à surmonter cette épreuve et se convaincre que le passé, le présent et le futur peuvent constituer un indéfectible trio d’amis, que chaque enfant est invité à rejoindre.

* Maÿa Hurme, Dernières fois (Kaikki löytämäni viimeiset, 2022), trad. et adapt. du finnois Alain Serres, Rue du monde, 2024

La Cité des méduses

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« Je me rappelle les groupes de méduses muettes et immobiles que les gens recueillent toujours dans les rues et sur les plages, leur puanteur qui flotte autour des bateaux à déchets. Je repense au murmure des méduses quand les soirs s’épaississent, au silence répandu sur les grèves, et l’air paraît soudain plus dur à respirer. » Après La Fille de l’eau, c’est un nouveau roman de science-fiction que Emmi Itäranta (née en 1976) nous offre avec La Cité des méduses. Sur une île, la Cité des méduses, sévèrement gardée, Eliana est tisseuse dans le palais des Toiles. « …Le Conseil a mis fin à la révolution des Éveillés, a débarrassé l’île des Songeurs et a ramené dans la ville paix et prospérité... » Quand Eliana fait la connaissance d’une autre Eliana, manifestement très proche d’elle, elle comprend, ou espère, que sa longue solitude va se terminer. Un roman dense, où la question de l’écologie est centrale.

 

* Emmi Itäranta, La Cité des méduses (Kudottujen kujien kaupunki, 2015), trad. Martin Carayol, Presses de la Cité, 2017

 

L’Hiver ensorcelé de Moomin

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Pour qui, de Moomin, ce personnage créé par Tove Jansson au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, connaît les traductions publiées à partir des années 1970 ou la série de dessins animés projetée en France dans les années 2000, l’initiative des éditions du Lézard noir est louable. Les titres proposés sont autant de découvertes ou de redécouvertes, tant beaucoup de choses changent. Les histoires restent les mêmes, mais les personnages récupèrent leurs vrais noms et les textes ne sont pas édulcorés. L’occasion pour le lecteur de vérifier combien l’imaginaire de Tove Jansson, extrêmement riche et poétique, voisine avec le surréalisme et, de fait, n’est pas réservé aux enfants. « Au clair de lune la neige était bleue sous le ciel presque noir. La mer dormait sous une couche de glace. Enfouies entre les racines de la terre, les petites bêtes rêvaient du printemps. » Les personnages apparaissent les uns après les autres, tous inattendus même pour qui n’ignore pas l’espièglerie de Papa Moomin ou la naïveté de petite Mu. En une douzaine de volumes, les éditions du Lézard noir livrent là un inestimable travail, récompensé dès ses débuts par le Prix du Patrimoine à Angoulême (2008). Mille fois bravo.

 

* Tove Jansson, L’Hiver ensorcelé de Moomin (Trollvinter, 1948, 1968), trad. Kersti Chaplet et Anne Sée Chaplet, Le Lézard noir (Le Petit lézard), 2017

La Véritable histoire de Noël

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Moins nunuche que le titre et la couverture peuvent le laisser penser, ce roman (auparavant un film) de Marko Leino (né en 1967 et, par ailleurs, scénariste), La Véritable histoire de Noël, raconte la naissance du mythe du Père Noël. Lorsque le jeune Nicolas, cinq ans, se retrouve orphelin, après la noyade en mer Baltique de ses parents et de sa petite sœur, les habitants du village décident de le prendre en charge à tour de rôle. Chaque famille, une année durant, car toutes, trop pauvres pour s’occuper de lui à plein temps. Mais un homme bourru, qui prétend ne pas aimer les enfants, ébéniste de son état, finit par l’accueillir et lui apprendre son métier. Nicolas travaillait déjà le bois et distribuait à Noël (date anniversaire de la disparition des siens), aux enfants, pour les remercier de leur accueil, des cadeaux qu’il fabriquait lui-même. À partir de maintenant, il vit « hors du temps, sur la roue imaginaire régie par les saisons ». Au-delà de la biographie du « bonhomme de Noël », ce roman met en avant les idées de différence, de solidarité (« un sentiment inexplicable, une sensation fulgurante qui faisait palpiter son cœur dans sa poitrine »), de transmission et même de simplicité (les jouets sont en bois, fabriqués à la main), s’opposant ainsi au consumérisme propre à cette fête.

 

* Marko Leino, La Véritable histoire de Noël (Joulutarina, 2007), trad. Alexandre André, Michel Lafon, 2014

Aïlo, une odyssée en Laponie

Aïlo, une odyssée en Laponie : ce livre accompagne la sortie au cinéma du film éponyme. Né dans les montagnes de Laponie, Aïlo sillonne la région aux côtés de sa mère. Mais entre loups, animaux divers « féroces et nombreux » et « énormes machines forestières conduites par des hommes », les dangers ne manquent pas dans ce territoire en pleine mutation. (La Laponie décrite naguère par Jens Andreas Friis dans Lajla, par exemple, n’existera peut-être bientôt plus. Hélas !) Bien construit, le livre emmène le jeune lecteur dans des paysages grandioses. La fin est heureuse, Aïlo pourra « vivre comme un renne du Grand nord. Un prince de Laponie ! »

 

* Guillaume Maidatchevsky, Aïlo, une odyssée en Laponie, Les Livres du dragon d’o1r, 2019

Le Loup et le jardinier

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« Dans la cour de son grand château, Le Loup grelottait sous une pluie de printemps. » Il n’en fallait pas plus pour lui casser le moral. Et quand le loup n’avait plus le moral, il s’agaçait tout seul. Il se mettait en colère. Il en voulait à la Terre entière. Ce jour, il peindrait bien une toile mais n’a pas de modèle sous la main. Mince ! Jusqu’à ce qu’il s’aperçoive que Le Chien, qui exerce la profession de jardinier chez lui, pourrait faire l’affaire. « J’ai beaucoup de mal à peindre », tente-t-il d’expliquer. « C’est un peu comme si je cherchais un trésor tapi dans l’obscurité la plus totale. » Utilisation de crayons de couleur pour ce bel album de petit format de Marika Maijala (née en 1974 en Finlande et maintenant déjà bien connue des jeunes lecteurs, plusieurs de ses ouvrages ont été traduits). Une histoire d’amitié, laquelle a besoin de générosité pour fonctionner. Il ne suffit pas de prendre ce que l’autre vous offre, il convient d’offrir à son tour. Un album pour réfléchir.

* Marika Maijala, Le Loup et le jardinier (Suden Hetki, 2020), trad. du finnois Lauriane Renquet-Pankakoski, Hélium, 2024

La Plante magique

La plante magique

« Je fais un peu de ménage, balaie feuilles mortes, aiguilles de pin et crottes de souris... » Soudain, Saule trouve une petite tige verte dans un pot, derrière les plantes d’une serre. Brindille sait-elle de quelle espèce il s’agit ? Elle l’ignore, mais suggère de lui donner un nom. « Pourquoi pas Réglisse... ? » Et toutes deux de se dire qu’une promenade dans une brouette, ce n’est pas suffisant, l’air marin ferait peut-être du bien à Réglisse. Vite, à vélo, direction la plage ! Hélas, Réglisse est embarquée sur un bateau... ! Saule et Brindille la récupèrent et découvrent que la plante se conduit étrangement. « La nuit tombe, les sauterelles chantent. Nous restons longtemps sur la plage. Réglisse s’est tournée vers le ciel. ‘J’ai l’impression qu’elle préfère la lune au soleil.’ » Réalisées à la gouache, les superbes illustrations de Marika Maijala (née en 1974 en Finlande et auteure et illustratrice de plusieurs albums traduits en français et publiés chez Cambourakis et Versant sud) semblent appeler le jeune lecteur à entrer de plain-pied dans cet album. Les couleurs variées reflètent tour à tour le jour et la nuit et les sentiments des personnages. Les détails fourmillent. La petite plante semble n’avoir besoin ni de l’eau ni du soleil pour grandir et même fleurir, elle n’attend que des paroles douces. « Alors je lui dis tout ce qui me vient à l’esprit : que Brindille est si jolie quand elle dit son poème, qu’une plante minuscule peut terrasser un monstre des mers, et que, parfois, une toute petite voix est plus bouleversante qu’une chanteuse d’opéra... » À lire et à regarder, et à lire et à regarder encore... !

* Marika Maijala, La Plante magique (Taikurinkukka, 2022), trad. du finnois Johanna Kuningas, Hélium, 2023

Rosie court toujours

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La vie peut être pénible pour un lévrier de course, puisqu’il faut courir et courir encore. Rosie court. Et ne s’arrête plus. Rosie court toujours. Elle prend son envol et quitte la piste. « Elle rêve de forêts, de prairies et de vrais lièvres. » Elle passe dans un cirque sans même relever la truffe du sol, se retrouve à la gare. « La ville gronde comme un animal sauvage. » Rosie court encore. Une petite fille dans une auto lui fait signe de la main. Elle la suit, tombe dans la mer, retrouve la terre ferme, court. Quelle sensation agréable, que de traverser la ville en toute liberté. Quand elle arrive dans un parc, deux chiens lui font la fête, Ida et Siri. « Ce parc est notre maison », lui disent-ils. Rosie se débarrasse de son dossard, « elle respire beaucoup mieux ». Les rejoindra-t-elle ? Le livre de Marika Maijala (née en 1974 et auteure de plusieurs albums déjà traduits en français) s’achève sur cette question, sans réponse. Au jeune lecteur de poursuivre l’histoire. Les illustration au crayon invitent à revenir en arrière, à chercher Rosie dans le décor, sa course est bien restituée : il n’y a plus qu’à s’éponger le front en refermant cet album plaisant.

* Marika Maijala, Rosie court toujours (Ruusun matka, 2018), trad. Lauriane Renquet, Hélium, 2021

 

Brindille et Ficelle/Une Pêche d’enfer

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Quand Ficelle, qui ne va pas encore à l’école, se fait passer pour Brindille auprès de son institutrice et de ses camarades de classe, afin de profiter d’une partie de pêche… ! Ou comment taquiner le poisson et surtout les adultes (dont deux gendarmes) en veillant à ce que sa grande sœur en endosse la responsabilité… !

 

* Sinikka Nopola/Tiina Nopola, Brindille et Ficelle/Une Pêche d’enfer (Heinähattu, Vilttitossu ja ärhäkkä koululainen, 2013), trad. Didier Joly ; ill. Salla Savolainen, Didier Jeunesse (Mon marque-page), 2016

Brindille et Ficelle/Jojo Boulazéro

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Les points communs entre les aventures de Brindille et Ficelle, deux jeunes héroïnes mises en scène par Sinikka (née en 1953) et Tiina Nopola (née en 1955), et celles de Fifi Brindacier, de la suédoise Astrid Lindgren, ne manquent pas, à commencer par cette succession de gags et la capacité des deux sœurs à évoluer dans un monde où, si les adultes sont présents, ils n’en sont pas les principaux acteurs. Il y a aussi les traductions françaises des noms de personnages : notamment Ficelle/Fifi et Brindille/Brindacier. Signées Salla Savolainen (née en 1962), les illustrations rappellent également beaucoup celles d’Ilon Wikland, qui a su donner au monde d’Astrid Lindgren un véritable paysage. Mais Brindille et Ficelle possèdent leur propre personnalité. Les sœurs, que deux ou trois années séparent, se chamaillent à propos de tout et de rien, la plus petite Ficelle, toujours un peu jalouse de l’aînée, sous l’œil parfois inquiet de leurs parents, discrets mais pas inexistants. L’irrévérence n’atteint pas celle développée par Fifi et l’humour n’est pas à plusieurs niveaux de lecture. Une série (plusieurs volumes sont prévus) amusante, ces réserves énoncées, à laquelle adhéreront sans difficulté les enfants d’une petite dizaine d’années.

 

* Sinikka Nopola/Tiina Nopola, Brindille et Ficelle/Jojo Boulazéro (Heinähattu, Vilttitossu ja Kalju-Koponen, 2012), trad. Johanna Kuningas, ill. Salla Savolainen, Didier Jeunesse (Mon marque-page), 2017

Toutou chipeur

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Toutou chipeur est le troisième épisode traduit des aventures de Brindille et Ficelle, ces deux sœurs héroïnes d’une série qui n’est pas sans évoquer Fifi Brindacier (décors et personnages directement inspirés de l’œuvre d’Astrid Lindgren, cf. le village dessiné pages 4 et 5), mais avec un humour plus enfantin, beaucoup plus premier degré (« À l’aide ! Une mamie en furie ! »). Cette année, Brindille entre au CE1 et Ficelle en CP. Ficelle décide de promener chiens et chats de la commune contre rémunération, plutôt que d’aller à l’école. « Je n’irai plus jamais à l’école, décide-t-elle. Tout le monde est méchant, personne ne joue avec moi ! C’est nul ! » Pour ne pas inquiéter ses parents, elle affirme que sa maîtresse est « souvent absente ». Elle commet des bêtises, les policiers sont prévenus (Briochon et Binoclou, calqués sur Kling et Klang de Fifi) puisque, même dans ce monde gentillet de parents bienveillants et de fillettes pas toujours très sages, on ne saurait se passer des forces de l’ordre. Rigolo.

 

* Sinikka Nopola/Tiina Nopola, Toutou chipeur (Brindille et Ficelle)(Heinähattu, Vilttitossu ja iso Elsa, 1997/2014), trad. Johanna Kuningas ; ill. Salla Savolainen, Didier Jeunesse (Mon marque-page), 2018

 

Hipou

Hipou

Après Papou et Pola, l’éditeur La Partie propose aujourd’hui Hipou de l’artiste finlandaise Oili Tanninen (née en 1933 à Sortavala, en Russie). Composé de collages et d’éléments de papier déchiré en deux couleurs, le noir et le rouge, parce que, au départ, « l’impression ne devait pas coûter cher », comme l’explique l’auteure-illustratrice à la fin de l’ouvrage, celui-ci est de format carré, « pour qu’un enfant d’un an, ou même plus jeune, puisse facilement le tenir dans ses mains ». Oili Tanninen a donc bien réfléchi tant à la conception de son album, qu’à son contenu. « Il fallait que le livre raconte une histoire et que chaque page porte sur des choses ordinaires du quotidien, le genre de situations dans lesquelles tous les enfants peuvent se retrouver. » Et là, c’est une histoire d’amitié entre deux chiens, Hipou et Houpa, laquelle peut facilement être transposée : entre deux enfants, voire entre un enfant qui vit ici et un enfant réfugié... Une histoire sans âge, donc. Un très beau petit livre.

* Oili Tanninen, Hipou (Hipou, 1967), trad. Johanna Kuningas, La Partie, 2023

Papou et Pola

Papou et pola

Les éditions Benjamin média avaient publié Mousse, de Oili Tanninen, il y a quelques années. C’est aujourd’hui l’éditeur La Partie qui propose Papou et Pola de l’artiste finlandaise née en 1933 à Sortavala (Russie). Composé de collages et d’éléments de papier déchiré, ce joli petit volume joue sur les aplats de bleu, d’orange et de blanc. Papou et Pola sont des bonshommes de neige qui ne se lassent pas de faire des parties de luge, de ski et de patinage, sans oublier les batailles de boules de neige, avec leur ami lapin. Mais quand le printemps arrive, la neige fond et les voilà bien désemparés – eux-mêmes disparaissent ! Récompensée par de nombreux prix littéraires, Oili Tanninen inscrit ses ouvrages parmi les classiques, aujourd’hui, à destination des jeunes enfants.

* Oili Tanninen, Papou et Pola (trad. Johanna Kuningas), La Partie, 2021

 

Mousse

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Si vous êtes parent d’un tout jeune enfant ou s’il y en a dans votre entourage, laissez-vous tenter, pour lui en faire la lecture, par ce petit album de Oili Tanninen, Mousse. Née en 1933, Oili Tanninen est l’auteure et l’illustratrice d’une vingtaine de livres pour les jeunes enfants comme celui-ci, au graphisme sobre et destiné aux plus d’un an. Accompagnée d’un CD (lecture et bruitages), Mousse est une belle historiette hors du temps sur le thème de l’amitié.

 

* Oili Tanninen, Mousse (Hippu, 1969) (+ CD), Benjamins media, 2016

Le Monstre nounou

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Cette mère a gagné un séjour tout compris en Laponie. Un « assistant » a même été prévu pour prendre soin de ses trois enfants pendant son absence. Mais attention, la prévient le courrier qu’elle reçoit la veille de partir, il s’agit d’une « créature à moitié humaine, appelée autrefois ‘croquemitaine’, ‘troll des forêts’, ou tout simplemlent ‘monstre’. » Les enfants sont aussi ravis que curieux et quelque peu craintifs mais à leur âge, on n’a bien sûr pas peur très longtemps. Et le monstre, qui apprivoise les enfants tout comme eux l’apprivoisent et qui est doté de quelques pouvoirs qui n’appartiennent évidemment qu’aux monstres, va leur permettre de se lancer dans une série d’expériences nouvelles et imprévues.

 

* Tuutikki Tolonen, Le Monstre nounou (Mörkövahti, 2015), trad. de l’ang. Magali Duez, illustrations Pasi Pitkänen, R. Laffont (R, jeunesse), 2016

L’Île des monstres

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Après Le Monstre nounou, voici L’Île des monstres, de Tuutikki Tolonen, avec Mimi, une petite fille qui suit son ami le monstre Grah dans le monde souterrain. Des monstres, il y en a ici partout : « …La forêt était criblée d’yeux de monstres ronds et luisants » mais heureusement, la plupart sont parfaitement fréquentables. Une bonne série à destination des enfants qui savent bien lire et aiment les univers fantastiques. 

* Tuutikki Tolonen, L’Île des monstres (Mörköreitti, 2016), trad. Alexandre André, Robert Laffont (R, jeunesse), 2017

Moi et ma super bande (La Menace extraterrestre)

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Signé Timo Parvela pour le texte et Zelda Zonk pour les illustrations, La Menace extraterrestre est l’un des épisodes d’une série destinée aux jeunes lecteurs et intitulée Moi et ma super bande. (Notons, dans ce volume, l’utilisation d’une « orthographe rectifiée » : « maitre » pour « maître », « surs » pour « sûrs », etc.) Oskar Ryhänen est un nouvel élève dans la classe d’Ella, l’héroïne de cette série. Tous le surnomment la Brute et l’instituteur, pour plaisanter, prétend même qu’Oskar « vient d’une autre planète ». Ce que les élèves se hâtent de confirmer lorsqu’ils l’apprennent. « La Brute se bagarre toujours et partout. On a tous plein de bleus. » Alors… Un « extraterrestre » ou un « ange » ? La première solution convient aux élèves, qui se mettent à considérer Oskar avec attention et à émettre d’inquiétantes hypothèses : « …On nous élève comme nourriture pour les extraterrestres ! Notre école est comme une sorte de poulailler qui sert à ravitailler les habitants d’une autre planète… » Quand se feront-ils une raison : Oskar est un enfant à leur image. Une série pleine d’un humour fin.

 

* Timo Parvela & Zelda Zonk, Moi et ma super bande (La Menace extraterrestre) (Ella ja Pukari, 2000), trad. Johanna Kuningas, Nathan (Premiers romans), 2017

 

Moi et ma super bande (Une Nuit à l’école)

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Toujours signé Timo Parvela pour le texte et Zelda Zonk pour les illustrations, Une Nuit à l’école est le nouvel épisode d’une série destinée aux jeunes lecteurs : Moi et ma super bande. Cette fois-ci, comme chaque année, une soirée pyjama est organisée dans l’école d’Ella. L’instituteur recense toutes les horreurs qui ne manqueront pas d’être commises, à la grande joie des élèves qui ne veulent absolument pas rater l’événement. Et qui insistent tant – allant jusqu’à organiser diverses activités pour gagner de l’argent et permettre au maître de s’acheter un accordéon – que tous finissent par s’endormir dans deux classes, une pour les filles, une autre pour les garçons. « Règle numéro 1 : ceux qui oseront transgresser les règles seront fusillé au petit matin », a expliqué auparavant le maître. Timo Parvela et Zelda Zonk offrent là, de nouveau, un beau petit roman, avec un ton qui n’est pas bêtifiant comme cela est parfois le cas dans la littérature destinée à la jeunesse. Moi & ma super bande est une belle série, avec un humour débridé sympathique.

 

* Timo Parvela & Zelda Zonk, Moi et ma super bande (Une Nuit à l’école) (Ella yökoulussa, 2001), trad. Johanna Kuningas, Nathan (Premiers romans), 2017

 

Moi & ma super bande (La Chasse au trésor)

Nouveau volume de la série Moi & ma super bande de Timo Parvela et Zelda Zonk, La Chasse au trésor entraîne une bande de copains et de copines à la recherche d’un trésor indiqué, pensent-ils, sur une carte. Mais ces indications sont-elles suffisamment précises ? Toni, Ella, la brute et les autres tentent de relever les empreintes, sous l’œil curieux du maître de la classe. Aurait-il l’intention lui aussi de récupérer le trésor ? En quoi consiste celui-ci et... ne serait-il pas caché dans l’école ? La leçon à retenir ? « Ensemble contre l’émincé »... de poulet !

 

* Timo Parvela & Zelda Zonk, Moi & ma super bande (La Chasse au trésor) (Aarrejahti, 2010), trad. Johanna Kuningas, Nathan (Premiers romans), 2019

Kepler 62/L’Appel – Le Compte à rebours

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Ari est un jeune garçon qui aimerait bien mettre la main sur « le jeu le plus cool et le plus exigeant de tous les temps : Kepler62. Tout le monde en parlait, pourtant il était difficile de se le procurer. Il n’était pas téléchargeable sur Internet. Il fallait se le faire offrir, tomber dessus par hasard ou l’acheter. » Il tente d’en dérober un dans un magasin, mais se fait pincer. Par chance, Joni, son petit frère, lui prête le sien. « ...Kepler62 était plus qu’un simple jeu vidéo » puisque, « à la toute fin », les joueurs qui y parvenaient « recevaient une invitation ». « Pour aller où ? Personne ne le savait. » Les deux frères vont arriver dans un monde peut-être moins virtuel qu’il ne le semble, rejoints bientôt par Marie, fille d’un fabricant d’armes, et quelques autres enfants. Quel est l’objectif de cet étonnant jeu ? va s’interroger le lecteur. Qui se cache derrière ? Une intrigue bien conçue.

 

* Timo Parvela/Bjørn Sortland/Pasi Pitkänen, Kepler 62/1 – L’Appel(Kepler62 – Kirja 1 : Kutsu, 2015), trad. Johanna Kuningas, Nathan, 2018, et Le Compte à rebours(Kepler62 – Kirja 2 : Lähtölaskenta, 2015), trad. du norvégien (!) Marina Heide, Nathan, 2018

 

Sœurs de cœur

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Sœurs de cœur : Fin septembre, un froid exceptionnel tombe sur la ville. « Au début, les gens étaient contents. » Mais bien vite, le froid s’accentue et perturbe les communications. « La neige n’était plus une amie. » Obligation est faite « de vivre comme les Finnois de jadis ». Âgée de onze ans, Alice a deux amies imaginaires : Alice-Miroir et Alice-Ombre, c’est-à-dire celle qu’on voit et celle qu’on ne voit pas. Un jour, Alice-Ombre disparaît, alors que survient une libellule aux ailes couleurs de l’arc-en-ciel. Elle tombe dans la neige. La chute se prolonge beaucoup plus qu’elle ne s’y attendait et la voici qui arrive dans un monde inconnu, avec cinq lunes. Puis... les événements extraordinaires se succèdent et Alice se réveille à Soororlande, le Pays des Sœurs, où elle fait la connaissance de sa future meilleure amie : Océane. Toutes deux se livrent à l’exploration de cet étrange et merveilleux pays, où règne une poésie de chaque instant. Entre Alice au pays des merveilles et La Reine des neiges, Sœurs de cœur de Salla Simukka (née en 1981 et récompensée par divers prix littéraires) est un roman enthousiasmant pour jeunes lecteurs/lectrices.

 

* Salla Simukka, Sœurs de cœur (Sisarla, 2016), trad. Sébasien Cagnoli, Hachette (Romans), 2019

Terres du Nord/1, La Quête du Sampo

Finlande, année 355 de l’Ère nouvelle. Les Suédois règnent sur la Finlande. Le climat de la planète a été modifié. Une jeune journaliste nommée Satu remonte vers le Nord, en quête du « Sampo », objet légendaire qui sauvera son pays – si elle le trouve, ce qui est cependant loin d’être gagné. « Tu m’impressionnes, l’ami. Qui es-tu réellement ? De quelle magie as-tu usé pour briser mon sortilège de séduction ? Très peu de personnes en sont capables. En fait, je crois bien que seuls les dieux et leurs rejetons le peuvent... » Mais ce n’est pas fini ! Née en 1986, Monia Sommer est une auteure française de science-fiction et de fantasy. Parsemé de références aux mythes de Finlande (Kalevala, Kantele), ce roman plutôt destiné aux adolescents se prêterait bien à une adaptation cinématographique.

 

* Monia Sommer, Terres du Nord/1, La Quête du Sampo, Séma (Séma’gique), 2019

 

Maresi

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Signé Maria Turtschaninoff (Finlandaise d’expression suédoise, née en 1977), Maresi, Chroniques de l’Abbaye Écarlate est ce que l’on appelle un roman initiatique. Des femmes de tous âges, mais seulement des femmes, vivent recluses sur une île, on ne sait trop quand, on ne sait où, peut-être en Méditerranée. Nombre d’entre elles sont arrivées là après avoir subi les violences des hommes. Elles se passent très bien d’eux. « Il existe plusieurs raisons pour qu’une jeune fille rejoigne l’Abbaye. Certaines familles pauvres du continent envoient leur fille ici tout simplement parce qu’elles n’ont plus les moyens de s’occuper d’elle. D’autres découvrent que leur fille est particulièrement intelligente et désireuse de s’instruire, et la confient à l’Abbaye pour qu’elle acquière la meilleure éducation possible pour une femme. » Mais beaucoup ont été répudiées de chez elle car jugées trop laides ou pas assez compétentes pour se marier, ou se sont enfuies pour échapper aux mauvais traitements. Comme cette mystérieuse Yaï, avec qui Maresi, la narratrice, se lie d’amitié. Roman de science-fiction, roman d’une utopie, Maresi est traité avec beaucoup de tact. On peut bien sûr songer, à la lecture de ce beau roman, au sort fait aux femmes dans certains pays où « les gens sont dominés par la superstition et l’ignorance » et « où les femmes n’ont pas le droit d’apprendre, ni même de s’exprimer ».

 

* Maria Turtschaninoff, Maresi, Chroniques de l’Abbaye Écarlate (Maresi, Krönikor från röda klostret, 2014), trad. du suédois Johanna Kuningas, Rageot, 2017

Un Poney pas comme les autres

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« C’est l’été. Le soleil brille fort et les mouches bourdonnent. Les chevaux se régalent avec l’herbe du pré. » Ainsi commence l’album Un Poney pas comme les autres de la Finlandaise Anne Vasko (née en 1969). La journée pourrait être belle pour le petit poney, mais son apparition effraie les chevaux qui paissent là – et tous de s’enfuir. Il ne comprend pas. « Penses-tu que tu es un véritable petit cheval ?! », lui demande le plus grand des chevaux. « Bien sûr... », commence-t-il à répondre, avant de s’apercevoir qu’il n’a ni ventre, ni jambes, « pas même une queue » ! Juste un bâton en bois sous la tête. Comme ces chevaux des fêtes foraines, pour amuser les enfants. Désireux de ressembler aux autres, il récupère ce qu’il trouve sur sa route : un plot, une échelle, une trompette... tout ce qui peut remplacer ses jambes, quitte à le rendre bancal. La lune lui sert de ventre, le chapeau d’un vieux monsieur de fesses et... Non, non, pas d’accord ! se récrient les propriétaires des objets qu’il a dérobés. Cet album commence bien sagement et très vite, s’engage dans un ravissant surréalisme. Il ne suffit pas de vouloir ressembler à quelqu’un ou à quelque chose pour lui être identifié. Ce qui n’est peut-être pas plus mal. « Tu peux devenir cheval de cirque, poney de centre équestre, champion de saut d’obstacles ou même... une licorne ! », le rassure Pila. Un album pour les tout petits (dès trois ans) aux formes simples et aux couleurs joyeuses, qui engage de nombreuses réflexions et qui ne se termine donc pas une fois refermé.

* Anne Vasko, Un Poney pas comme les autres (Ponin häntä, 2021), traduction et adaptation Laurana Serres-Giardi, Rue du monde, 2022

 

Les Gens de Hölmölä et la lumière

Les gens de holmola et la lumiere

« ...Perdu au milieu de forêts de pins noirs et entouré de nombreux lacs poissonneux, il y avait un village appelé Hölmölä. À cette époque-là, les gens vivaient encore sous des tentes en peau et buvaient du vin de baies. » Ainsi commence le conte finnois relaté par France Verrier, Les Gens de Hölmölä et la lumière. Un jour, les habitants de Hölmölä décident de construire une maison en dur. Mais lorsqu’elle est terminée, ils s’aperçoivent qu’il fait sombre à l’intérieur. Certains emprisonnent la lumière du soleil dans de grands sacs en jute et la transportent dans chacune des pièces ; d’autres attrapent la pénombre et la rejettent dehors. En vain. Un gaillard suggère de percer un mur pour laisser passer le jour. Bonne idée. Et pour avoir plus de lumière, tous de démolir les murs... jusqu’à ce que la maison s’écroule ! Ce conte populaire en Finlande peut être sujet à mille discussions avec des enfants. France Verrier, dont voici le troisième conte nordique qu’elle adapte en français (version bilingue), fait là œuvre utile. Relevons la qualité des illustrations de Solène Laferrière, associant les multiples teintes du marron et du bleu.

* France Verrier, Les Gens de Hölmölä et la lumière (Hölmöläiset ja valo), version bilingue, trad. Lea Lagerblom, illustrations Solène Laferrière, raconté par France Verrier, L’Harmattan (Jeunesse, Contes des 4 vents), 2021

 

Les Sept frères de Finlande

Les 7 freres de finlande

Signalons la réédition, aux éditions de l’Harmattan, d’un volume bilingue finnois-français : Les Sept frères de Finlande/Seitsemän vesljestä Suomesta. Signé France Verrier pour l’adaptation et Edouard Lekston pour les illustrations, il s’inspire bien sûr du roman Les Sept frères de Aleksis Kivi (Aleksis Stenvall, 1834-1872), publié initialement en Finlande en 1870 et en France en 1926, classique parmi les classiques de la littérature finlandaise, bien que plutôt mal perçu lors de sa parution en 1870 car donnant du pays une image peu flatteuse. Inaptes à s’intégrer à la société de leur époque, à son cléricalisme et à ses cours de lecture, sept jeunes orphelins de père s’enfuient. Après avoir affronté nombre d’épreuves (retenues pour cette adaptation à destination des jeunes lecteurs), ils finiront par revenir et trouver leur place dans la société. « Après tant de mésaventures, ils décidèrent enfin d’apprendre à lire ! (…) Réconciliés avec eux-mêmes, ils étaient devenus sociables et respectueux. (…) Chacun avait trouvé sa place et la vie était belle… » Un bon texte, une bonne adaptation, de belles illustrations, avec mille thèmes de discussions possibles après la lecture.

 

* France Verrier, Les Sept frères de Finlande (d’après Aleksis Kivi, Les Sept frères, trad. Jean-Louis Perret), trad. Maria Hujala & Kaisa Leino ; ill. Edouard Lekston, L’Harmattan (Contes des 4 vents), 2014

 

L’Étoile et le bouleau

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Adapté d’un conte de Zacharias Topelius (1818-1898), L’Étoile et le bouleau est signé France Verrier. Deux jeunes enfants, Tiera, un garçon de cinq ans, et sa sœur Aïno, quatre ans, réfugiés chez « de braves paysans russes » parce que « la guerre faisait alors rage en Finlande », entreprennent de revenir dans leur pays. Animés par « l’irrésistible désir de retrouver leur terre natale », là où un bouleau « pousse au milieu de la cour » de leur maison et où « une étoile claire brille à travers les feuilles le soir », ils se lancent dans un voyage vers le nord ouest. Contemporain de H. C. Andersen, qui l’inspire, et attaché à retranscrire la mémoire de la Finlande, Topelius est l’un des précurseurs de la littérature pour la jeunesse dans les Pays nordiques. Signalons que les éditions de l’Élan ont également publié trois courts volumes de ses contes « pour les enfants » (Œil d’étoile, Sampo Lappelill et Les Superbes projets d’avenir du bouleau). Un auteur classique, à découvrir ou à redécouvrir.

 

* France Verrier, L’Étoile et le bouleau (édition bilingue, d’après Zacharias Topelius, trad. Tuula Laakkonen, ill. Francine Vergeaux, L’Harmattan (Jeunesse), 2009