Voyages
En Islande sur la route du Pourquoi pas ?
Le commandant Jean-Baptiste Charcot et ses hommes firent naufrage à bord du Pourquoi pas ? le 16 septembre 1936, au large de l’Islande. Depuis, les commémorations se succèdent. Jean-Michel Auxiètre a pris part à celles du 80e anniversaire du dramatique accident et nous emmène, dans ce livre intitulé tout simplement En Islande sur la route du Pourquoi pas ? (après avoir consacré un ouvrage à Jean Turquet, médecin de la première expédition Charcot : Un Paysan creusois en Antarctique), sur les lieux où la mémoire de l’explorateur et de ses marins est toujours célébrée. Sous forme de journal, il relate avec force détails pas toujours de grande importance (les retards de la SNCF pour gagner l’aéroport, la pression des pneus du véhicule de location en Islande, « la batterie de l’appareil de Valérie (qui) rend l’âme », la composition des sandwiches qu’il ingurgite, l’achat de tee-shirts pour ses petits-fils… !) son voyage dans les lieux touristiques islandais. Une approche particulière de l’Islande, assurément.
* Jean-Michel Auxiètre, En Islande sur la route du Pourquoi pas ?, Les Impliqués, 2017
Islande, les hautes terres
Le livre de Bruno Compagnon, Islande, les hautes terres, réjouira tous les amateurs de photographies et de paysages exceptionnels. « …Le grand choc. Des paysages jamais vus nulle part ailleurs. (…) Un régal pour les yeux ! Un paradis pour les photographes. Déconnexion totale. » En guise de prélude au voyage.
* Bruno Compagnon, Islande, les hautes terres, Palantines, 2017
Dictionnaire insolite de l’Islande
Utiliser la formule du dictionnaire pour présenter un pays, pourquoi pas ? L’exercice peut être périlleux mais Valérie Doux relève très bien le défi dans cet ouvrage qu’elle consacre à l’Islande. Aucune photographie ici et c’est peut-être aussi bien, le lecteur échappe aux innombrables lieux communs sur la beauté des paysages islandais et s’attarde sur la culture d’un peuple donné comme le plus lettré de la planète. Un peuple qui, pour la première fois de l’histoire de l’humanité, a également élu en 1980 une femme présidente de la République. Les notices de ce guide sont courtes (moins d’une page à chaque fois) et donnent envie d’approfondir (relevons celles concernant le cinéaste Baltasar Kormákur, la chanteuse Björk, le peintre Erró, les écrivains Halldór Laxness, Arnaldur Indri?ason et d’autres auteurs de polars, etc.). Au pays des sagas, « la production littéraire est l’une des plus abondante au monde par habitant, et on dit qu’un Islandais sur dix publie un livre dans sa vie… que tous les autres s’empressent de dévorer. » Ce Dictionnaire insolite de l’Islande est un intéressant préambule au voyage.
* Valérie Doux, Dictionnaire insolite de l’Islande, Cosmopole, 2016
Islande
À l’évidence, Arnaud Guérin parvient à susciter l’envie, chez son lecteur, de boucler dare-dare sa valise pour un voyage en Islande. Intitulé sobrement Islande, son ouvrage présente les différentes facettes de ce pays, notamment sa nature. Photographe, géologue et guide, Arnaud Guérin ne se contente pas de citer les principaux lieux à découvrir pour estimer avoir accompli le voyage que tout touriste aujourd’hui se croit en droit de revendiquer. C’est hors des sentiers battus qu’il s’aventure, pour des randonnées pédestres la plupart du temps qui permettent d’observer la riche faune ornithologique islandaise et de contempler un paysage résultant avant tout des éruptions volcaniques. « Cette nature est brute, violente, excessive, en un mot sublime et spectaculaire », écrit l’auteur à l’enthousiasme communicatif. Ajoutons que ce livre déborde de photographies d’oiseaux, de paysages et d’aurores boréales toutes plus jolies les unes que les autres.
* Arnaud Guérin, Islande, Glénat (Les clés pour bien voyager), 2016
Ísland
« Je garde donc à l’esprit ma condition naturelle : je ne suis qu’un homme sur une terre dont j’ignore absolument tout. Le maître mot de cette aventure sera l’‘humilité’. L’humilité de reconnaître que nous ne sommes que de la chair et des os ici. Rien de plus. » En 2020, âgé de vingt-sept ans, Pierre-Antoine Guillotel (né à Vannes en 1993) entreprend, après avoir brièvement travaillé dans la finance, de faire le tour de l’Islande à pied, en solitaire, avec un minimum de bagages. Le voici pour commencer à Hornstrandir, à l’extrême nord-ouest de l’île. « La géographie se risque dans plus de verticalité. L’horizon se réduit. L’air a un autre goût. Un goût de sel et d’aventure. » Clichés parfois en bandoulière (il les oublie vite), le voyageur a du culot. Son périple sera long de trois mille kilomètres, au travers d’une nature grandiose et éprouvante. Le récit qu’il en donne dans ce livre, Ísland, l’appel du 66° nord, est ponctué de détails et d’anecdotes. Il ne s’agit donc pas juste d’un guide de voyage, comme un lecteur inattentif pourrait le penser. De manière quelque peu surprenante, Ísland, l’appel du 66° nord est également une véritable œuvre littéraire, à la façon des textes de Jack London, une référence pour l’auteur, de HD Thoreau ou d’autres arpenteurs des confins de la planète, évoquant également le philosophe norvégien Arne Næss. Baroudeur qui a déjà bien sillonné les endroits peu fréquentés de notre « grande nature », à en croire les réflexions qu’il livre de-ci, de-là, sans jamais tomber dans l’égocentrisme, Pierre-Antoine Guillotel prend le temps d’observer le monde dans lequel il se dépêtre aujourd’hui. « Je suis parti en quête de cet anéantissement de l’être par le sublime et le sauvage ; j’ai voulu expérimenter le risque, l’excès, l’épuisement, le feu. » Chacune de ses rencontres nouvelles l’enrichit. Chacun de ses pas dans ce milieu préservé le convainc de l’obligation, pour l’homme, de se montrer discret. « Déranger un animal est une forme de pollution », soutient-il, ajoutant : « Nos agissements dans le monde sauvage constituent souvent une perturbation. Nous ne sommes pas maîtres des lieux, mais des intrus. Alors pourquoi créer inutilement du désordre ? Pourquoi empiéter et déranger le territoire de la faune qui vit à coté de nous ? » Alpiniste chevronné, se déplaçant en virtuose entre la pluie, la neige et les tornades de vent, Pierre-Antoine Guillotel aiguise ses sens et s’imprègne de la poésie qui sourd de partout sur cette île où la nature demeure préservée. « Je vrille (…), avec l’illusion de me rapprocher de la condition sauvage, de devenir un autre, celui que j’ignore enfin. Je suis là pour ça : vivre une séparation intime, partir loin de moi. » Il nous embarque dans son voyage sans que l’ennui vienne un instant nous happer. « ...Nous sommes celui que nous rêvons d’être : un héros en cotte de mailles, un capitaine de frégate, un résistant, un Calaferte ou ma grande sœur défunte et inconnue, frangine des étoiles. Mais je ne suis que moi. » Entre récit de voyage et journal intime, Ísland, l’appel du 66° nord est une fort belle présentation d’un territoire que le tourisme de masse n’a pas encore totalement anéanti.
* Pierre-Antoine Guillotel, Ísland, l’appel du 66° nord, Transboréal, 2024
Islande, révolution boréale
« Le même appel. Le même rituel, depuis 22 ans. Depuis que je suis parti à la découverte de l’Islande en juillet 2001, vêtu d’un tee-shirt jaune siglé Björk, de quelques pulls aussi et d’un manteau pas assez imperméable. » Guillaume Lebeau (écrivain et scénariste, né en 1971 en France) s’est rendu une première fois en Islande, explique-t-il en préalable de ce petit volume destiné à présenter cette île aux confins du monde. Coup de foudre. Évidemment. Un pays comme celui-ci séduit ou rebute, mais ne laisse pas insensible. Il y retourne et entreprend de le connaître, au-delà de la figure de la chanteuse et actrice Björk, qui motivait son intérêt initial. Tout ici est particulier, à commencer par la nourriture. « Testicules de bélier marinés dans du lait, requin faisandé, tête de mouton bouillie, magrets de macareux, nageoires de phoque, filets de truite fumés à la crotte de mouton... » La gastronomie et les pays nordiques ont longtemps été en froid mais les choses changent, des restaurants proposent aujourd’hui toutes sortes de cuisines. Sur tous les plans, l’Islande se veut à la pointe de la modernité. Les LGBT sont chaleureusement accueillis. La population est la plus connectée du monde. Les pratiques de la lecture et de l’écriture sont élevées. Faisant la différence entre « touriste » (statut honni) et « voyageur », Guillaume Lebeau égrène ses anecdotes, ses souvenirs, sans vrai fil directeur. Le petit ouvrage est, de fait, un anti-guide touristique – et c’est très bien. Pas d’hôtels ni de restaurants recommandés, pas de liste rabâchée des principales curiosités. Une attention portée au pays et à ses habitants, que l’auteur nous demande implicitement de partager. « ...Écouter un Islandais parler est un voyage dans le voyage. Peut-être aussi que se niche dans cette fusion parfaite, tel un macareux sur sa falaise, la source vitale et énergisante du peuple islandais. Un peuple capable de faire danser, rêver, jouer la planète entière. » Suivent quelques entretiens, dont l’un avec l’auteur Andri Snær Magnason. Islande, révolution boréale, pour ceux qui seraient encore à convaincre que l’Islande, pays dit de glace et de feu, est une terre vraiment à part... !
* Guillaume Lebeau, Islande, révolution boréale, Nevicata (L’Âme des peuples), 2024
Vagabond d'Islande
Photographe et aventurier, auteurs de nombreux articles dans la presse (Géo, Chasseurs d’images, etc.), Pierre-Alain Treyvaud a effectué sept voyages en Islande, sur une période de trente ans. À skis, en solitaire, sans moyen de communication, il a sillonné les hauts plateaux du centre de l’île. Périples exceptionnels, qui, aujourd’hui, ne pourraient quasiment pas être répétés à cause… du réchauffement climatique, entre autres raisons. Il neige en effet de plus en plus tard et les chutes sont de moins en moins denses dans cette région du globe. Ce qui justifie les déplacements non plus à skis mais en 4X4, ce qui du coup accentue le réchauffement climatique... Antienne connue, hélas ! Tout comme les divers aménagements industriels, qui modifient profondément le paysage islandais. Pierre-Alain Treyvaud nous conte son goût du voyage pour les régions sauvages, montagneuses et enneigées de préférence. Son livre est agrémenté de photographies, la plupart époustouflantes. « À l’orée de mon premier voyage en 1983, je pressentais que l’Islande allait me plaire et m’apporter beaucoup, mais j’ignorais à quel point ce pays allait se révéler la psyché de mon monde intérieur. Dans les incroyables palettes que recèlent les paysages d’Islande, je me suis perdu jusqu’à me confondre avec l’indicible, et en évoluant seul à travers les immensités enneigées, j’ai pu satisfaire ces sentiments que je ressentais avant comme un besoin inassouvi. »
* Vagabond d’Islande, Treyvaud Pierre-Alain, Éditions Favre, 2015