Théâtre
Loki
« Loki incarne l’ambivalence et l’amoralité. Personnage redouté, il représente aussi bien l’acte destructeur que l’acte créateur. C’est aussi le frère sacré d’Odin. Il craint un seul dieu : Thor avec son marteau », expliquent Abbi Patrix et Linda Edsjö dans une sorte d’avant-propos au livre issu de leur spectacle. « Pourquoi raconter Loki ? Il est un parfait miroir de notre propre ambivalence », ajoutent-ils. Et tous deux de se mettre à conter, sur scène, l’Edda et la mythologie nordique. Les dieux défilent, leurs histoires ne nous sont pas étrangères, leurs caractères peuvent, aujourd’hui encore, être les nôtres, avec leurs qualités mais aussi leur lâchetés ou leurs outrances. Le commencement du monde et sa fin nous questionnent toujours. Comme le relève avec humour Abbi Patrix (directeur artistique de la compagnie du Cercle, qui propose ce spectacle), « la fin du monde est un sujet qui nous concerne (…), en ce moment, c’est un sujet brûlant ». En effet, et l’on sait que l’humour associé au savoir et à la réflexion est quelque chose de très bon pour la santé mentale. Comme les deux acteurs le soulignent dans l’entretien qui suit le texte du spectacle, il convient de rappeler que la mythologie nordique a été « prise en otage » par les nationalistes et autres nazis et qu’il est temps de se la réapproprier. La culture nordique a toujours été ouverte sur le monde. Autrement dit, et c’est sa force, cosmopolite.
* Abbi Patrix/Linda Edsjö, Loki, Paradox, 2016